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Libération : lundi 03 avril 2006

Les gosses, tout seuls...

lundi 3 avril 2006


par Pierre MARCELLE

Entendu vendredi, dans les manifs spontanées accueillant les verbales contorsions du chef de l’Etat désynchronisé : « Villepin, démission, Chirac, en prison ! » Et ces mots d’ordre constituent la seule réponse audible à une crise que ses protagonistes institutionnels prétendent contourner dans la fiction d’une négociation en forme de farce. Les grandes peurs génèrent de piteuses manoeuvres au terme desquelles paradoxe des paradoxes ! le PS et les syndicats, en acceptant de négocier avec le ministre de l’ordre à tout prix et les députés godillots de l’UMP, introniseraient eux-mêmes Nicolas Sarkozy chef du gouvernement de Villepin. Passant par la rupture de l’unité que la jeunesse, qui n’en peut plus d’être précarisée à vie, a imposée aux appareils politiques et syndicaux, cette « sortie de crise »-là n’en serait que le trompe-l’oeil. Elle signerait, dans l’apparence d’un match nul, la fin du mouvement qui, relayant le novembre des banlieues, n’aspire pourtant encore qu’à se développer. L’élaboration de ce leurre impose cependant de préserver des apparences. Et l’on voit déjà trop bien comment, habillée en baroud et déguisée en tour d’honneur, la journée de grève et de manifestations de mardi se réduirait à une catharsis.

On sent comme, à son double encadrement syndical et policier, elle visera d’abord à renvoyer les étudiants à leurs études, les cités à leur chômage, les syndicats à un « Grenelle » de pacotille et les écuries présidentielles à leurs cuisines. Ce scénario, cosigné par tous les tenants de l’ordre libéral, constitue selon Mme Parisot, du Medef, une « solution équilibrée ». Reste à le faire entériner par une jeunesse qui a, depuis dix semaines, trop appris pour ne pas déceler, dans « l’échéance » qui prétend mardi siffler sa démobilisation, une autre embrouille et magistrale celle-là, en ce qu’elle révèle de consensus trop désiré.

Pour réécrire l’épilogue de demain, il reste la journée d’aujourd’hui.


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