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Egunkaria toujours clos quatre ans après la fermeture provisoire

mercredi 21 février 2007

Le matin du 20 février 2003, le quotidien en langue basque Egunkaria était pris d’assaut par des gardes civils. Les responsables du journal étaient arrêtés, transférés à Madrid et torturés. Quatre ans après, il n’y a toujours pas de procès et le titre reste fermé. Provisoirement.


Voir en ligne : Source : Le journal euskalherria.com

La rédaction centrale du quotidien Euskaldunon Egunkaria à Andoain près de Donostia-Saint-Sébastien, ainsi que les délégations de Vitoria-Gasteiz, de Bilbo et d’Iruñea-Pampelune sont militairement investies le matin du 20 février 2003. Sous l’ordre du juge de l’Audience Nationale espagnole Juan del Olmo, la Garde Civile perquisitionne les locaux et interpelle le directeur Martxelo Otamendi le gérant Iñaki Uria ainsi que huit membres du conseil d’administration du seul quotidien totalement écrit en langue basque.

Les faits vécus à Hernani cinq ans auparavant lors de la fermeture du journal Egin et de la radio Egin Irratia se répétaient encore une fois : l’Etat espagnol tentait de réduire au silence un média au Pays Basque. Un média dans lequel 150 journalistes s’efforçaient depuis 12 ans d’informer en basque quelque 15000 lecteurs.

Un communiqué de la Garde Civile affirmait ce 20 février 2003 que "cette vaste opération est le point culminant des investigations menées par le Service d’Information concernant l’instrumentalisation du journal Euskaldunon Egunkaria perpétrée par la bande terroriste ETA par l’intermédiaire de l’entreprise commerciale Egunkaria S.A".

Quatre ans après, la fermeture provisoire décidée par le juge Juan del Olmo est toujours en vigueur, et sept personnes, dont le directeur Martxelo Otamendi, sont inculpées d’un délit de collaboration ou d’appartenance à une entreprise terroriste. Le procès n’a toujours pas eu lieu. Rien d’extraordinaire lorsque l’on parle de l’Espagne, si ce n’est que le parquet de l’Audience Nationale a récemment demandé au tribunal de classer l’affaire, par manque de preuves. En effet, le procureur estime qu’il n’y a pas d’éléments dans le dossier policier pour affirmer qu’Egunkaria était un outil au service de l’ETA comme soutenait le juge d’instruction Juan del Olmo. Aucun lien entre l’organisation armée et les responsables du quotidien n’a pu être établi.

Pas de procès

Derrière une pancarte affichant le slogan "Epaiketarik ez" (Pas de procès), les inculpés Xabier Oleaga, Joan Mari Torrealdai, Pello Zubiria, Iñaki Uria et Martxelo Otamendi ont dénoncé "l’impulsion politique" de l’affaire et ont exigé qu’elle soit traitée d’un point de vue juridique et non plus comme une question d’Etat. "L’affaire doit être classée et on doit nous rendre la liberté de travailler en faveur de l’euskara et de la culture basque", a lancé Joan Mari Torrealdai. Même si le parquet souhaite classer l’affaire, "les pressions sont importantes" pour qu’un procès ait lieu à l’Audience Nationale.

Au rassemblement d’hier matin devant l’ancienne rédaction d’Egunkaria, ont pris part des représentants du PNV, d’EA, Aralar, Batasuna, ainsi que des syndicats ELA et LAB. Juan Mari Torrealdai a évoqué devant eux, "l’arrestation brutale" de dix personnes, dont certaines ont porté plainte pour tortures. Il a souligné le cas de Martin Ugalde, mort pendant la procédure et relaxé après son décès.

Le gouvernement de la Communauté Autonome Basque a constaté que quatre ans d’instruction n’ont pas servi à trouver des éléments pouvant soutenir la thèse d’un éventuel lien entre le quotidien et l’ETA. Lisant un communiqué officiel, la porte-parole Miren Azkarate a dénoncé "l’impulsion politique" de l’affaire et affirmé que le retard de la justice espagnole qui n’a toujours pas fixé de date pour le procès est "une injustice en soi". "Un moyen de communication a été fermé et on a jeté l’opprobre contre un groupe de personnes sans qu’il y ait des preuves pour une telle accusation, comme l’a déclaré le procureur".

Mesure insolite

Selon l’exécutif basque, la fermeture d’un journal est une mesure "insolite dans les pays de l’Europe démocratique et un fait injuste qui relève d’une impulsion politique". Le gouvernement a par ailleurs dénoncé qu’aucune enquête n’avait été menée en ce qui concerne la plainte pour tortures présentée par le directeur de la publication Martxelo Otamendi et "aucun juge ne l’a appelé pour l’entendre sur ces faits".

Enfin, l’exécutif basque a évoqué le cas de Martin Ugalde, "qui, atteint d’une maladie, a passé ses derniers jours sous une accusation contre laquelle il ne pouvait se défendre", et qui est mort "alors qu’il était toujours inculpé et ses comptes bancaires gelés". Quatre ans après, le parc où se trouvait la rédaction centrale d’Egunkaria porte le nom de Martin Ugalde. Quatre ans après la fermeture d’Egunkaria, un autre quotidien, Berria, a repris le témoin de l’information écrite en langue basque. Toujours à Andoain. Toujours à côté du parc Martin Ugalde.

Quatre ans après, le juge d’instruction Juan del Olmo n’a toujours pas expliqué pourquoi il a décidé de fermer le quotidien alors qu’il aurait pu établir un contrôle judiciaire sur les sociétés et vérifier en même temps si le délit présumé attribué à ces entreprises était ou non avéré.

Un "réseau financier" qui n’existe plus

En novembre 2004, le juge d’instruction Juan del Olmo avait décidé de mettre en examen sept membres du conseil d’administration, soutenant qu’ils faisaient partie "du réseau financier de l’ETA". Cette même accusation avait servi au magistrat Baltasar Garzón pour fermer le quotidien basque Egin ainsi que la radio Egin Irratia en 1998. Six ans après leur fermeture ce chef d’inculpation avait été écarté par Baltasar Garzón, qui décida alors d’accuser ces médias d’une faute administrative : une dette envers la Sécurité sociale espagnole, dette dont les délais de paiement avaient été négociés entre les deux parties. C’est aujourd’hui que cette affaire administrative est en train d’être jugéeŠ dans une instance pénale spéciale, l’Audience Nationale.

Selon le juge Juan del Olmo, qui avait repris presque mot pour mot une phrase de son collègue de l’Audience nationale espagnole, Egunkaria aurait été "créé, financé et dirigé par l’ETA". Maintenant que l’existence de ce "réseau financier" pour le compte de l’ETA est écartée par l’enquête, la tenue d’un procès est remise en question. Le parquet ayant sollicité le classement de l’affaire et la partie civile représentée par l’association des victimes AVT, proche du PP, ayant demandé la poursuite de la procédure, c’est à trois juges d’une salle spéciale de l’Audience Nationale de décider.


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