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Notes en vrac 2 : mes premières pistes ?

jeudi 21 septembre 2006

"Se méfier de la société suppose qu’on se méfie aussi de son langage".

Théodore Adorno.


C’est quoi réaliser un film qui cherche à être en rupture avec la télé et le cinéma dominants, avec ce qu’on a l’habitude de voir ? C’est quoi chercher à écrire autrement en sons et en images ? Elle est comment l’alternative ?

Travailler sur la forme...

La caméra.

La hauteur de la caméra porte un sens. En plongée sur un personnage elle l’écrase. En contre plongée, elle le met en valeur. A sa hauteur, il y a une relation d’égalité entre lui et moi ? La caméra précède le personnage ou elle l’accompagne ? C’est le personnage qui tire ou qui pousse, qui guide, qui dirige ou alors c’est la caméra ? Donc moi ? Donc le spectateur ?

L’homme à la caméra

Le son.

Le son direct, la vie autours et dedans. Le son de la rumeur relie et donne vie à un monde, que l’on peut toucher sans s’en apercevoir. Le son nous relie au temps, à la durée, au corps. La musique hors histoire (extra diégétique ?), elle emphatise ou elle souligne, elle est là à contrepoint, en opposition ou elle accompagne ? Elle donne sens, elle encadre, elle met entre parenthèse. Si elle revient, elle relie des séquences entre elles, des idées. Un son si l’on pense musique concrète peut donner le même effet en gardant le contact avec le monde représenté ou en l’oubliant ? Le son, le bruit peut devenir extra-diégétique ?

La voix off ?

J’aime les voix off épistolaires de Chris Marker ou celles réalisatrices de Robert Kramer. Elles sont impliquées, elles se livrent ou elles réfléchissent de manière apparente. Elles se racontent. Elles se mettent en jeu et par là même elles se mettent en cause.
Je n’aime pas les voix off qui savent tout, qui ont un ton de pouvoir, qui imposent leur savoir, leur rythme, sans failles, des voix qui couvrent tout ce qu’elles nous mettent en images. Je n’aime pas les voix qui ne montrent que pour étayer leur discours. Les voix des journalistes ?

Qui raconte ?

Où suis-je ? D’où je regarde et je raconte ? Suis-je avec ou ailleurs ? Suis-je dedans, dehors ? Quelles sont les indications qui disent que je suis là ? Que c’est moi qui construis le film, que c’est moi, malgré moi, qui suis le chef, le pilote, le pouvoir dans ce film ? Que ce film n’est qu’un produit de ma vision du monde ? Comment montrer cela ?

J’ai remarqué que, en général dans mes documentaires (les 52 minutes à peu près), je construis une mise en abîme dans le film. Le film se regarde. Un personnage (Bleu de travail et bleu du ciel) voit la séquence précédente puis la suite dans une télévision qui l’interpelle pour en sortir, un autre (L’homme aux trois visages) filme l’équipe de tournage qui le filme puis à un moment explique pourquoi d’après lui cette équipe le film… En fait je fais cela pour montrer que le film n’est que mon regard. Dans le deuxième exemple, en plus, je cherche à indiquer que chacun peut être son propre média.

Le temps, la parole, une pensée en construction ?

Je suis toujours impressionné en regardant l’interview de Serge Daney par Régis Debray pour Arte, ou par L’Abécédaire de Gilles Deleuze avec Claire Parnet. J’aime la capture d’une pensée en construction. Il y a dans ces films-émissions prises de temps, de moments pleins, de silences, d’hésitations.

La jetéeIl me semble important de restituer une réflexion en construction. Le dire, le savoir ne tombe pas du ciel, il prend du temps, il a un parcours, il chemine pour s’élaborer, pour nous rencontrer.

* Logo : "La jetée" de Chris Marker

* Le deuxième photogramme : "L’homme à la caméra" de Dziga Vertov

* Le dernier : encore "La jetée"

(à suivre...)


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