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Cameroun : Kiosque - Regard français sur la Chine en Afrique

par Justin Blaise Akono

vendredi 17 août 2007


Voir en ligne : Source : allAfrica.com

"Safari et lune de miel en Afrique". Tel est le titre de l’un des articles que le journal français Le Figaro a publié sur la présence chinoise en Afrique. Même sans clairement dire que c’est une campagne de dénigrement, c’en a tout l’air.

Dans la vingt-deuxième étape de son voyage autour du monde à la rencontre des "Chinois et des exilés de l’empire du Milieu", le journal estime que la Chine fait main basse sur Maputo, au Mozambique, comme sur tout le continent. "Aveugles au pillage de leur forêt, les Africains rêvent d’émancipation vis-à-vis des anciens colons", écrit le journal.

Il indique que la Chine tenait la corde. Pékin avait offert un ministère des Affaires étrangères flambant neuf, celui des Finances, un Palais des congrès, un grand stade allait être édifié. L’Assemblée nationale avait été réhabilitée par des ouvriers venus de Canton, et le dernier centre commercial de la ville venait d’être construit par un " fils du Ciel ". Pour compléter le tableau, les villas des dirigeants au pouvoir, en bord de mer, étaient elles aussi " made in China ". Cela se voyait de loin : les finitions étaient bâclées.

Les " experts " occidentaux, eux, étaient abasourdis : une débauche de capitaux chinois s’abattait sur le continent. En Angola, c’étaient dix milliards de dollars. Au Nigeria, le même montant. Au Soudan, huit milliards. Au Gabon, cinq milliards. Plus autant en prêts, crédits, bourses, stages saupoudrés partout d’ici à 2009. Un safari toujours plus spectaculaire, annoncé bruyamment. Les Chinois avaient repris quelques projets en Angola et au Nigeria, refait leurs additions et trompeté le financement de 20 milliards de dollars de projets d’ici à trois ans.

Oubliés les 200 milliards de dollars accordés par les Occidentaux aux Africains depuis trente-cinq ans ; escamoté, l’effacement de 50 milliards de dettes du continent par les mêmes, voici peu. La Chine en 2006 était devenue le troisième partenaire de l’Afrique, après l’Europe et les États-Unis. Le commerce bilatéral, parti de 10 milliards en 2000, devait être multiplié par dix avant 2010. " Ils vivaient leur lune de miel avec l’empire du Milieu ".

La nouvelle diplomatie chinoise bousculait toutes les habitudes. L’Afrique découvrait soudain, grâce aux Chinois, qu’elle pouvait s’affranchir des règles posées par les Blancs. Longtemps, elle était demeurée la "chasse gardée" des Européens. Sans résultats. Car l’idéologie de la Banque mondiale avait fait long feu : l’exportation de matières premières ou agricoles sur des bases inégales n’avait nulle part sur le continent jeté les bases d’une croissance solide.

Pour les Africains, selon les Français, la Chine sonnait la fin d’une époque. Elle annonçait la résurrection d’un rêve d’émancipation du tiers-monde contre un monde injuste, dont les ficelles étaient toujours tirées par les anciens colonisateurs. Comment réagiraient les Chinois lorsque les Occidentaux pensent que "la seule ombre réelle sur cette coopération était la catastrophe écologique qui se préparait. Les Chinois se comportaient en Afrique comme dans leur propre pays, en destructeurs barbares de la nature".

Dans d’autres reportages, Le Figaro, comme dans une série Sas de Gérard De Villiers parle de "Bal lugubre dans les monarchies africaines". Le journal rapporte que "les Européens se lamentaient également au Mozambique de voir la Chine, avec sa main-d’oeuvre courageuse et peu coûteuse, rafler 100% ou presque des marchés publics" et ajoute que "l’argent chinois avait une qualité supplémentaire : il offrait à tous les régimes africains l’occasion d’économiser une remise en question de la corruption généralisée".


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