ni un journal ni un blog
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![]() Pour une culture active, porte parole de la parole des genspar François Fehner, Responsable artistique mardi 12 février 2008 Ce texte est basé sur une contribution antérieure de François Fehner et Christophe Henriet sur le site du COUAC intitulée "Sans (100) flagornerie". Voir en ligne : Source : Le COUAC DEPUIS le départ du Royal de Luxe en 1987 on peut s’interroger sur les ambitions culturelles de la ville de Toulouse. Depuis ce temps là elle a soigné ses arts patrimoniaux et investi dans un bon nombre d’équipements. Mais elle néglige de façon à peine voilée des structures et des lieux indépendants et associatifs, souvent vecteurs d’une culture vivante et citoyenne. Les récentes grosses manifestations ont privilégié la communication, la mise en avant des personnes, laissant aux oubliettes le travail artistique de fond et son adéquation aux envies du public. Si la ville a participé, sous la pression des collectifs et l’évidence de leur présence sur la ville, à la mise en place de lieux mutualisés, elle reste bien en deçà des besoins de ces réseaux . Il paraît possible d’engager une politique plus volontariste, visible et généreuse en redonnant leur vraie place à la jeune création et aux initiatives innovantes autour d’une politique culturelle de proximité. Aujourd’hui, l’urgence n’est pas de donner aux nouveaux cadres des industries de la haute technologie locale, immigrés de fraîche date, l’impression que leur ville est une annexe bien dotée de la capitale. L’urgence est plutôt de redonner une confiance et une place dans la cité aux habitants des quartiers populaires, qui sont évidemment oubliés dans la multiplication des propositions vitrines qui satisfont surtout ceux qui se soucient de l’image extérieure de la ville, et de recréer un tissu culturel autour duquel puissent se réunir de nouveau les habitants de tous les quartiers. C’est autour d’une identité issue d’une certaine audace, portée par les cultures propres à Toulouse et sa tradition de combat pour la liberté, d’indépendance, et d’une libre pensée très ancrée dans le grand sud-ouest, qu’on peut réenchanter la ville. Toulouse n’est pas une ville conservatrice. En témoigne l’engouement des populations pour les évènements festifs portés intelligemment autour des arts d’extérieurs, des arts nomades, des arts engagés et non institutionnels (rares et le plus souvent relégués en périphérie). C’est cette réalité-là qui ne nous semble pas être intégrée dans les souhaits pour Toulouse de son ancienne mairie. Celle-ci risque, par ce conservatisme, de faire perdre à notre ville sa vraie nature, culturelle, festive, provocatrice, mixée de ses origines multiples et fondamentalement indépendante. Ne parlons pas de la formation et de l’emploi, du manque de perspectives pour les jeunes, des difficultés croissantes de survie économique de la majorité des professionnels du milieu culturel - artistes et techniciens - de leur disparition identitaire programmée, contre laquelle rien n’est réellement entrepris. C’est en donnant des moyens aux nombreux nouveaux lieux et aux structures de création de taille modeste, que sera satisfait le désir, qu’ont les habitants, de propositions foisonnantes, de toutes tailles, de toutes formes, disseminées dans tous les quartiers de la ville. Pour cela la nouvelle mairie doit réenvisager ses financements pour la culture afin de laisser s’épanouir le réseau des petites et moyennes structures (3ème cercle ou tiers secteur). Une nouvelle répartition des financements publics en faveur des associations constituerait pour elles le bol d’oxygène suffisant et modifierait en profondeur le paysage culturel urbain. Il est à noter que quand Strasbourg et Bordeaux consacrent 20% de leur budget à la culture, Toulouse y consacre 16% (la lettre du spectacle). Le choix d’augmenter le budget dédié à la culture peut permettre de réaliser les objectifs suivants :
La gauche rassemblée peut contrer le mouvement de division qui s’opère entre « nantis » et « exclus » de la nouvelle culture, provoqué par le resserrement des financements publiques et la pression d’une politique de l’état « Versaillaise ». Elle peut redonner confiance aux acteurs culturels en leur assurant une vraie stature par rapport aux acteurs sociaux et économiques de la ville. Elle peut redonner ses lettres de noblesse à la création régionale, retrouver ce melting-pot qui a fait les belles années 70, 80, où une association toute jeune organisait un festival de théâtre de rue qui occupait tout le centre ville, où la grange aux belles invitait à la bonne franquette les plus grands, où des bars spectacles fleurissaient à chaque coin de rue et animaient une vie nocturne où des épiceries restaient ouvertes jusqu’au matin. Elle peut arrêter de mettre les citoyens dans des cases, et leur donner l’occasion d’être acteurs plutôt que consommateurs de culture. Dans une société qui ne nous offre que du consommable, militons pour une culture active, porte parole de la parole des gens. Parce qu’on ne nous offre que des choses à admirer, que l’on regarde de loin, qui divisent, soyons à la recherche d’un art qu’on s’approprie, que l’on puisse reconnaître comme sien, accessible. Que Toulouse soit accueillante, curieuse, vorace en propositions extérieures. Qu’elle soit table d’hôte, mais en lui laissant le soin d’assurer le service, et de proposer sa cuisine locale au côté de celle qui vient d’ailleurs. C’est à cette condition qu’elle deviendra capitale. François Fehner |
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